Le matin des suaires brûlés T2 : Le souffle des légendes (Lukinburg, Tandiang)

« Au fond des Ages incertains, alors que l'homme était sous le joug des Dieux Anciens, des Héros naquirent qui changèrent l'Histoire du Monde. Celui d'entre eux, qui fut sans doute le plus légendaire s'appelait SEM. Il eut bien d'autres noms sous d'autres cieux, mais sachez qu'il venait d'OUROUK, près de la Mer Morte, et que, sous la poussière de soufre qui recouvre aujourd'hui son tombeau inviolé, reposent les restes d'un prophète enveloppé pour l'éternité dans un suaire brûlé…
Malgré les morsures acharnées de ses ennemis qui ne prient pas sous son glaive et qui veulent encore effacer ses traces posthumes, il est demeuré égal à lui-même, comme une fière statue de granit peut supporter les assauts de l'orage et les outrages du Temps. Cruelle époque il traversa ! Il était issu d'un monde barbare dans lequel personne n'épargnait personne, où l'enfant pouvait tuer son père et la mère égorger l'enfant. Simplement, il cherchait à survivre au coeur d'un chaudron qui n'était pas fait pour lui ! Voilà pourquoi, sans le vouloir vraiment, il en forgea un autre…

Presque à lui seul, il déchaîna le Soleil de la Vérité et le traîna comme un boulet dans la nuit des Origines. Il vécut — croyez-moi ! — une grandiose épopée, la plus belle et la plus implacable qu'il fut jamais donné à un homme par une force qui n'avait pas encore de nom ! Depuis, tant et tant d'années se sont écoulées !… Le Sablier des Ages a enseveli sa mémoire, quelque part dans le désert fantôme d'une histoire oubliée. Mais aussi vrai que le vent, parfois, amasse le sable sur les tombes, il lui arrive d'en découvrir certaines…
Peur importe d'où je viens, peu importe mon nom… je suis comme le vent, et parfois — comme à présent — je me plais à souffler sur les ombres hantées des palais en ruines, à chasser l'antique poussière des sépultures éclaboussées de larmes et de sang,et à réveiller les vieilles légendes qui dorment dans les suaires, non loin de la Mer Morte… »