L'aventure Jamaïcaine (Magali)

Certains êtres semblent avoir reçu en partage tous les biens que le reste de l’humanité s’efforce souvent en vain d’acquérir. Rosa Morton appartient à cette élite privilégiée. Fille naturelle d’un émir fabuleusement riche, elle poursuit ses études en Suisse, possède plus d’argent qu’elle n’en peut dépenser, est fiancée à un prince comme en rêvent les jeunes filles romanesques. De quoi susciter bien des convoitises ! Et pourtant Rosa est infiniment malheureuse. Elle aime et est aimée d’un talentueux mais obscure photographe et sait que jamais son père ne consentira à cette union. En outre, parce que la fortune de l’émir fait d’elle une proie pour les ravisseurs, elle est étroitement surveillée par ceux qui ont reçu la charge de son éducation. L’amour aiguisant l’imagination et la ruse des femmes, Rosa, aidée de sa meilleure amie, Isabelle Martinez, réussira à tromper la vigilance de ses chaperons. Cette liberté qu’elle a si follement désirée n’est-elle qu’un leurre, un été sans soleil ? Source : Editions Tallandier

Extrait : La fraîcheur régnait à l'abri des murs épais d'un mètre. De leurs vitres verdâtres en fond de bouteille, les quatre fenêtres opposées deux à deux interceptaient le soleil cru de juillet. Entre les baies et dans les recoins, la grande salle était à demi obscure. Un jour glauque jouait sur les sculptures et les saillies de ses buffets et crédences de bois sombre et encrassé. Réduite à l'éclat doré de son lent balancier, une horloge qui égrenait les secondes dans le silence accompagnait, comme des accords d'épinette une chanson, le vrombissement continu des mouches. Jupe retroussée d'un côté sur le cotillon, corbeille sous le bras, une servante entra par une des portes basses qui flanquaient la cheminée monumentale. Elle s'arrêta au seuil et mit sur la hanche son poing libre : — C'est-il une tenue pour des chrétiennes ? Son regard allait de l'une à l'autre des molles statues blanchâtres, étendues sur les banquettes à dossier, couvertes de coussins, qui se faisaient face, entre les fenêtres. — il fait chaud, Toinette, gémit l'une. — Si vous deviez travailler aux champs, comme les paysannes, adopteriez-vous la tenue de notre mère Eve ?…

Sophie est la jeune fille la plus exquise que l'on puisse rêver : jolie, intelligente, bien élevée ! Un seul défaut : elle a un faible pour les mauvais garçons. Son excuse : très jeune elle a perdu sa mère et, personne ne surveillant ses lectures, elle s'est intoxiquée de romans policiers. Elle en vient à se passionner pour les exploits de Maxime Brochet, gentleman cambrioleur célèbre digne émule d'Arsène Lupin. Le père de Sophie s'inquiète de ce penchant bizarre, mais c'est surtout sa tante Géraldine, vieille demoiselle pittoresque, qui tire la sonnette d'alarme : qu'adviendra-t-il si Sophie, un jour, se trouve réellement aux prises avec un mauvais garçon ? Or, au cours d'un bal costumé, Sophie danse avec un bel inconnu dont elle tombe éperdument amoureuse. Qui est-il ? Ses propos sont bien étranges, son comportement plus étrange encore…