N° 126 - Doho l'enchanteresse (Léo Gestelys)

C'est beau d'avoir vingt-ans, un tuteur riche comme un nabab et d'être les plus belles filles de la Côte… L'oncle Pascal venait de donner un bal en leur honneur et, ne pouvant trouver le sommeil, Anne-Marie et Marie-Anne s'étaient installées sur l'étroit balcon d'où l'on dominait la Croisette. Face à la mer, elle se faisaient leurs confidences. Anne-Marie berçait un rêve d'amour près de se réaliser. Heureuse, elle prononça un nom. — Daniel Armon ? répéta Marie-Anne interdite. Et elle ajouta : — Moi aussi, je l'aime. Et lui, les aimait-il ? Avait-il fixé son choix ? — Comment le pourrait-il ? Jamais des jumelles n'ont eu une ressemblance aussi parfaite que nous deux. Tout le monde s'y trompe. Et lui-même… — Mais, au moral, je ne crois pas que nous ayons rien de commun. — Nous ne devons pas nous en vouloir l'une à l'autre du choix que fera Daniel, reprit Marie-Anne. Si c'est toi qu'il aime je te promets… Si c'est moi… Marie-Anne s'avouerait-elle jamais vaincue ? Daniel n'allait pas tarder à se déclarer.

Kikou et Gilles sont le plus heureux couple du monde et Gigi, leur fillette aux cheveux de lumière, ne se montre pas jalouse, le jour où l'on recueille, dans la maison douillette et confortable, Francisco… Le petit abandonné est ébloui de cette vision merveilleuse : une mignonne fée aux boucles blondes, qui lui sourit et lui tend les mains… Cet amour d'enfant ne quittera plus l'homme qu'est devenu « Francisco de mon coeur ». Mais le jeune enseigne de vaisseau, lorsqu'il retrouvera Gigi dans le joli jardin à l'unique pommier, aura une déception cruelle… Le malheur est entré ce soir dans la douce maison… Deux femmes pleurent. Et celui qui pourrait les consoler est bien loin… L'amour de Luc, cet amour né l'été passé au cours des merveilleuses vacances à la mer, cet amour résistera-t-il à l'épreuve, à l'opposition maternelle, à la menace de la pauvreté ? Francisco ira jusqu'au sommet de la tendresse et du sacrifice. Mais Geneviève sera-t-elle heureuse ? …Une promenade sur Lac d'Amour, à Bruges, dont il berce dans son coeur le mélancolique souvenir… Mais qui vient là-bas sur les bords de ce quai ? N'est-ce pas le cher visage et les grands yeux bleus ? Francisco de mon coeur !

Florence quitta le chalet et s'aventura dans un sentier de montagne... Si le colonel Werden s'apercevait de son absence, quelle scène ! Soudain, elle entendit des pas, tira vite de son sac ses lunettes noires. Un garçon débouchait du sentier : jeune et brun, avec des épaules droites et larges... Il la salua, elle répondit. Ils lièrent connaissance. — Voulez-vous que je vous apprenne à passer la frontière de Sylvistrie au nez et à la barbe des douaniers ? Quelques minutes plus tard, ils foulaient le sol de la principauté... — Otez vos lunettes, demanda-t-il au retour. Elles vous enlaidissent tellement ! Elle hésita, s'exécuta. — Je m'en doutais, murmura-t-il. La photo épinglée au mur de ma chambre que les deux inconnus m'ont remise, c'est vous ! Il expliqua son histoire. On lui avait donné cette photo comme celle d'une femme redoutable, par qui les jours de la jeune princesse Stéphanie étaient menacés... une femme à signaler. — On vous a dit des choses abominables, murmura-t-elle. Il éclata de rire : — Je sais qu'ils ont menti... ... Ainsi commence la passionnante histoire de la petite Princesse d'un jour...