N° 327 - Les ombres du lac (Robin Francis)

Intriguée, Zoé étudia le visage aux yeux clos. Elle avait déjà vu cet homme... Les sourcils épais, les pommettes hautes, le menton volontaire : tout lui rappelait quelqu'un de familier et de très cher. C'était comme si elle connaissait déjà le son grave de sa voix, le bleu indigo de ses yeux, la douceur enchantée de ses caresses... Troublée, elle commençait à douter d'elle-même, lorsque un autre souvenir fit irruption : elle était debout à flanc de colline, enveloppée d'ombres et baignant dans l'odeur des lilas. Quelqu'un jouait du piano, un nocturne qui montait dans le soir en notes légères voltigeant dans la brise comme autant de papillons de nuit... Le souvenir était poignant, mais également fragile et éphémère ainsi que la lointaine mélodie. Il s'évanouit avant que Zoé ait pu le préciser davantage, la laissant submergée par une sourde mélancolie.