N° 519 - Soupirs d'amour (Marcel Vigier)

Extrait : Michèle laisse retomber sur ses genoux le livre qu'elle tenait et, renversée en arrière, la nuque appuyée au coussin du fauteuil, elle rêve à la phrase qu'elle vient de livre : « Violente, irrésistible, la vague de leur commun désir les emporte… ». Michèle essaie de voir le héros du roman tel qu'il est dépeint par l'auteur : jeune, brun, athlétique…

Extrait : — Sophie, Laurent, donnez-moi la main pour traverser. Sophie secoua les épaules et mit la main derrière son dos, elle était extraordinairement capricieuse et volontaire. Il aurait fallu plus de fermeté que je n'en avais. Quand elle serait plus grande, ce ne serait pas commode de me faire obéir. Je saisis de force la petite main rebelle…

Extrait : — C'est ici ! fit Micheline Lescar. Et d'un magistral coup de frein, elle immobilisé sa superbe et puissante Hispano au bord du trottoir, rue de Presbourg, en face du Bar Georges-Carpentier. Tandis que Sonia Bernoff s'extrayait de l'auto, Micheline Lescar mit sa voiture en ordre de panne, descendit elle-même, rejoignit Sonia et les deux femmes entrèrent ensemble dans le bar. Aimablement accueillies par l'élégant ex-boxeur, qui les installa à une table libre, Micheline et Sonia, devant un Martini sec, prirent, du regard, possession de la salle. Il était un peu plus de midi et déjà très garni, le bar luxueux s'emplissait de clients. La salle, en rotonde, était barrée près de la porte, par le comptoir du bar et, disposées sans ordre, semblait-il, de petites tables d'acajou avec des sièges en cuir gris, mettaient, dans l'établissement, une note d'élégante intimité. L'élément masculin n'avait pas tardé à remarquer Micheline et Sonia et des regards admiratifs allaient aux deux femmes qui, habituées à ces hommages anonymes et muets, paraissaient indifférentes, encore qu'elles en fussent flattées…