N° 197 - Le mystère du clos-feuillu : 1re partie (Jeanne-Bénita Azaïs)

Extrait : Il y avait une fois en pays nivernais un seigneur, Jehan de Balleray, et sa femme, Catherine de Montigny, qui vivaient avec un grand renom de courage et de bonté dans leur château de Champaudon. Ils n'avaient qu'une fille, Myrtelle, âgée de neuf ans, qu'ils aimaient tendrement. Myrtelle dépassait infiniment en beauté et en grâce les filles des gentilshommes voisins, particulièrement celle de la baronne Goriot, que tout le monde détestait à cause de sa méchanceté. Or, cette baronne Goriot était protégée par la fée Vipérine, qui n'aimait que les mauvaises gens. Souventes fois, la fée Vipérine, de son repaire de Meulot, où elle vivait avec les loups, était venue, sous la forme d'une chouette, se percher sur le toit du château de Champaudron et là, elle maudissait et menaçait la gentille Myrtelle, dont la douceur et le charme faisaient ressortir les défauts de la baronnette Goriot…

Adaptation de B. H. Gausseron 58 Gravures « A nos jeunes Lecteurs et Lectrices, Nous vous offrons aujourd'hui une vieille histoire, écrite il y a bien des siècles, et qui a intéressé, avant vous, de nombreuses générations d'écoliers. Contrairement à ce que vous lisez ordinairement, vous y verrez que les méchants finissent parfois par triompher. Le mensonge, la fourberie, le vol, voilà, direz-vous, toutes les belles qualités de Goupil le Renard. Et pourtant ce fripon, loin d'être puni comme il le mérite, triomphe de tous les obstacles et remporte une victoire que l'honnêteté seule devrait pouvoir donner. Vous voudrez bien remarquer, toutefois, que les victimes de Goupil le Renard ne valaient pas mieux que lui et qu'il ne leur manquait que l'habileté pour faire autant de mal. Peut-être vous arrivera-t-il, enfants, de rencontrer Goupil dans le monde, et, serez-vous exposés à tomber entre ses mains. — Rappelez-vous alors le sort de Bruin, l'ours, et de Tibert, le chat, et ne vous laissez pas tenter quand on fera appel à votre égoïsme. Méfiez-vous des flatteurs et des menteurs : prenez garde que les fripons et les lâches exploitent votre faiblesse. Et si vous vous souvenez de l'histoire de Goupil le Renard, vous saurez éviter de commettre des injustices, comme le fit Noble le Lion, et vous agirez toujours conformément à l'équité et à l'honnêteté, comme ne cessent de vous le conseiller vos parents et vos maîtres. LES ÉDITEURS »

Extrait : Comment le chevalier vint à la cabane du pêcheur Il y a bien des siècles, par une belle soirée, un bon vieux pêcheur était assis à la porte de sa maison et raccommodait ses filets. Il demeurait en un lieu charmant ; c'était une prairie fleurie, près d'un lac bleu : mais il y avait derrière sa cabane une forêt très épaisse où les sentiers étaient si rares que la plupart craignaient de s'y aventurer, d'autant plus qu'elle passait pour être hantée par des fantômes et des spectres étranges. Mais le bon vieux pêcheur l'avait souvent traversée, et toujours sain et sauf, car ses pensées étaient pures, et chaque fois qu'il y entrait, il chantait à pleine voix. Pendant qu'il raccommodait ainsi ses filets, il lui sembla entendre, venant de la forêt sombre, le bruit d'un cheval et de sn cavalier, et bientôt un chevalier splendidement vêtu sortit de l'ocre, se dirigeant vers sa cabane. Il portait un manteau écarlate sur un pourpoint violet brodé d'or, et son chapeau couleur d'or était orné de plumes rouges et violettes. A sa ceinture dorée étincelait le pommeau d'une épée, richement orné de pierres précieuses, et le cheval qu'il montait était entièrement blanc. Le vieux pêcheur retira courtoisement son chapeau et continua à raccommoder ses filets. Mais le chevalier s'arrêta et lui demanda s'il pouvait trouver l'hospitalité pour la nuit dans sa maisonnette…