Préface :
Les musiciens qui, à la fin du XVIIIe siècle, exerçaient leur art en France, étaient presque tous Italiens ou Allemands d'origine. Parmi les artistes vraiment français, il faut citer Philidor, Grétry, Gossec, les créateurs de notre opéra-comique, puis, Rameau, Lesueur, Méhul, Boieldieu, qui furent suivis aussitôt d'une nouvelle pléiade française formée de Hérold, Adam, Auber et de tant d'autres compositeurs qui appartiennent au XIX siècle.
Jean Lesueur, dont nous racontons ici la vie, est né en 1760 et mort en 1837, mais par le caractère de ses oeuvres, il appartient bien à ce petit groupe d'artistes qui préparaient par leurs compositions, le grand siècle pendant lequel la musique allait briller du plus vif éclat.
Certes, Jean Lesueur n'a pas une renommée aussi brillante que celle de ses contemporains Grétry, Méhul, Boieldieu, etc. Cela vient en partie, de ce que, au lieu de poursuivre la gloire sur la scène, il s'est surtout occupé de créer des oratorios — sorte de cantate religieuse —, des messes, des chants religieux qui ont une haute valeur, mais n'attirent pas l'attention des foules sur un artiste, comme le succès d'un opéra ou d'un opéra-comique.
Les pièces que Jean Lesueur a données, La Caverne, Paul et Virginie, Télémaque et surtout les Bardes, prouvent qu'il aurait pu prendre au théâtre un rang glorieux parmi les compositeurs de son temps.
En tout cas, nous avons pensé que le récit de sa vie serait pour nos jeunes lecteurs un exemple aussi intéressant que moral. On y trouve les preuves d'une énergie, d'un travail opiniâtre, d'une bonté qui inspirent l'admiration et l'estime pour ce grand artiste.