N° 1909 - Le gros lot... un amour par Jacques Sanluys

Extrait : Sous son fard excessif, on devinait qu'elle était très jeune. La tristesse de ses yeux immenses ne parvenait pas à détruire tout à fait l'expression d'une jeunesse précocement touchée.  En apparence, elle était semblable aux autres entraîneuses qui évoluaient dans la salle enfumée du cabaret, robe collante dégageant audacieusement la nudité des épaules, longs cheveux…

Extrait : — Je vous remercie, ma chère nièce, d'avoir pris la peine de venir me chercher dans ma retraite et de m'avoir proposé ce moyen de locomotion incontestablement pratique lorsque le temps presse. Non que j'éprouve un réel penchant pour ces dangereuses mécaniques. Au moins, vous me répondez de votre chauffeur ? Il ne se livrera pas à des excès de vitesse ? — Mais non, ma bonne tante, une honnête soixante à l'heure. — Je préfèrerais du vingt ou du vingt-deux, ce que faisait, dans sa jeunesse, la superbe jument alezane de mon regretté père. — Je vous assure, ma tante, Robert est la prudence même ; jamais il ne lui est arrivé le plus petit accident ; mais je ne vois pas Sylvie, ses préparatifs ne sont donc pas encore terminés ? — Ses préparatifs ? Voudriez-vous insinuer que Sylvie puisse être du voyage ? — Il me semblait que vous ne vous sépariez jamais de votre jeune pupille…

Extrait : — Ah ! si Paul Launay vivait encore… soupira Léon Santerre en hochant la tête. D'un geste hésitant, il retira de ses lèvres sa pipe en bruyère et la posa près de lui, sur la table. La paralysie le clouait dans son fauteuil. Il savait, à présent, que ses jours étaient comptés. Cela ne l'effrayait pas. Il avait assez vécu pour se sentir détaché de bien des choses…