La couleur des jours (Suzanne de Arriba)
2,90 €
Extrait :
Viens près de moi, Evelyne, Evy, me disait Jacky, mon frère. Ça va passer, cette déprime. Parlons un peu ou bien ne disons rien mais faisons-le ensemble ! Et il réussissait à m'arracher un sourire, et je m'allongeais près de lui sur le divan étroit, au rez-de-chaussée, face à la fenêtre. Je posais la tête sur ses genoux. Au bout d'un petit moment, j'éprouvais le besoin de parler. De parler de Florent, bien sûr. Comme s'il n'était pas mort. Florent était l'ami de Jacky. Florent était mon amour. Et c'était fini. La présence de Jacky me faisait un bien fou, mais mon frère ne pouvait pas s'attarder, il m'avait donné une semaine entière, maintenant, il devait s'en aller, les autres l'attendaient, pour enregistrer. La réussite aussi l'attendait, je le pressentais. J'étais contente pour lui. Par deux fois, le groupe qu'il avait formé avec Florent Merlin et les jumeaux Daltera, des copains d'enfance, avait sombré. La première fois, c'était uniquement par la faute de Florent, qui les avait laissés choir pour jouer à la vedette et chanter seul, mais tous les coups sont permis dans ce métier et il avait rencontré quelqu'un qui voulait l'aider — mais lui seul — et il possédait l'atout de sa voix merveilleusement rauque, qui s'adaptait aussi bien aux rythmes anglais qu'aux chansons romantiques. La seconde fois, c'était à cause de la maladie, de la mort…